"Bonjour", "Pardon", "Merci", "De rien"...

Je vis à l’étranger et dans le pays où je réside, nous attendons des enfants, dès leur plus jeune âge, qu’ils utilisent les « mots magiques » : « Bonjour », « Merci », « Pardon » et « S’il vous plaît ». Si un enfant ne les utilise pas, le regard de la société peut devenir critique. J’ai entendu des parents se vanter fièrement de la manière dont ils apprennent à leurs enfants à utiliser des mots de politesse. Cependant, cette pression peut engendrer de l’anxiété et nuire à la relation parent-enfant. En France, et pas seulement là, la société attend des enfants qu’ils respectent des conventions sociales qui ne sont pas toujours adaptées à leur âge.

La pression que ressentent de nombreux parents pour être acceptés socialement est très forte, et je peux la comprendre – nous l’avons tous vécue, d’une manière ou d’une autre. Qui ne souhaite pas que son enfant soit poli et respecte les autres ? Beaucoup de parents ressentent que, dans ces moments-là, leur enfant est le reflet d’eux-mêmes, et qu’eux aussi sont jugés sur leur capacité à éduquer correctement leur enfant.

C’est un poids énorme si l’on y réfléchit ! Mais forcer un enfant à adopter un certain comportement avant qu’il ne soit prêt peut créer une pression émotionnelle et affecter son estime de soi. Sans le vouloir, nous compliquons les interactions sociales de nos enfants et réduisons leur confiance en eux.

Mais pourquoi réagissons-nous avec autant d’émotion lorsque notre enfant ne dit pas « bonjour » ou « merci » ?

J’ai pensé à toutes les fois où j’avais été témoin de scènes similaires :

Un parent vient avec son enfant, le parent dit bonjour et l’enfant ne dit pas « bonjour »…

Le parent se sent honteux ou jugé et commence à pousser l’enfant en faisant des commentaires du genre : « Qu’est-ce que nous disons ? Ou en affichant ce regard qui dit tout sans avoir besoin de parler.

Sentant la pression, l’enfant a encore plus de mal à répondre et le parent continue d’insister avec des commentaires pressants : « M. Chris t’a salué, tu ne vas pas le saluer aussi ? Ce n’est pas poli » ou simplement le regard devient plus “intense”…

L’enfant peut être contraint de marmonner un « bonjour », ou au contraire, rester silencieux. Les parents ressentent souvent le besoin de justifier le comportement de leur enfant, surtout s’ils reçoivent des commentaires de la part de l’enseignant.

Il peut avoir l’impression de devoir se justifier en qualifiant son enfant de « timide », « fatigué », etc. Il peut même en arriver à gronder l’enfant devant l’étranger jusqu’à ce que la salutation convoitée soit couronnée de succès.

L’enfant a alors le sentiment d’avoir déçu ses parents et de ne pas être « bon » lorsqu’il ne parvient pas à adopter les comportements sociaux requis. Il a honte et craint que sa relation avec ses parents ne soit ébranlée. Les émotions qu’il ressent sont trop lourdes pour lui ; il se sent rejeté et n’a certainement pas envie d’être dans cette situation, mais il ne sait pas comment s’en sortir.

De son côté, le parent peut se sentir exposé, frustré, en colère, offensé, et craindre d’élever un enfant qui n’a pas de bonnes manières.

Notre génération est imprégnée de la voix de nos parents : « Il faut forcer les enfants à parler pour qu’ils apprennent dès leur plus jeune âge ! C’est ce que font les bons parents, sinon vous élèverez un enfant qui ne sera ni respectueux ni gentil ! » Je suis sûr que vous êtes en train de penser en ce moment : « Mais si je ne lui apprends pas à être gentil, qui le fera ? »

Bien sûr, la politesse commence à la maison et avec les valeurs que chaque famille défend. Mais comment devons-nous enseigner la civilité à nos enfants ? Est-il impoli de la part de nos enfants de ne pas exprimer verbalement les formules de politesse ? Ou sont-ils tout simplement pas encore assez mûrs pour en faire preuve ?

Nous voulons que la gentillesse provienne de notre âme et soit authentique, et pas seulement des mots appris par cœur sans les ressentir.

Mais réfléchissons à la raison pour laquelle notre enfant ne parvient pas à faire preuve des compétences sociales qui sont pourtant très importantes pour nous, les parents, et qui nous semblent évidentes. Après tout, il n’est pas difficile de dire « bonjour », n’est-ce pas ?Il faut rechercher et comprendre la raison de cette « hésitation » sans jugement.

Un enfant peut ne pas être prêt sur les plans développemental et émotionnel, surtout si nous ne lui avons pas encore appris à gérer cette capacité. Acquérir une compétence nécessite du temps, de la patience et de la confiance.

La capacité d’un enfant est influencée par de nombreux facteurs, l’âge n’en étant qu’un parmi d’autres. Par exemple, un enfant peut commencer à montrer de bonnes manières spontanément vers l’âge de 5 ans, mais pas toujours. CEPENDANT ! Pour que cela se produise, il aurait fallu que les parents eux-mêmes donnent l’exemple de la gentillesse envers les autres, l’un envers l’autre et envers l’enfant, au cours des cinq années précédentes.

Le parent ressent souvent le besoin de « corriger » l’enfant devant les autres, créant ainsi un sentiment de honte chez l’enfant. L’enfant peut alors ressentir de la déception et craindre que sa relation avec ses parents soit ébranlée.

La vérité, c’est que les enfants apprennent la politesse en observant l’exemple que nous, parents, leur montrons. On n’apprend pas seulement des mots, mais aussi des valeurs. Si nous forçons nos enfants à être polis sans qu’ils comprennent le sens des mots, nous créons un cycle de peur et de pression.

Le plus important est d’avoir de la patience et de laisser l’enfant développer cette compétence à son propre rythme. Les enfants n’ont pas les mêmes filtres sociaux que les adultes. Ils sont authentiques, et c’est une qualité que nous devons respecter.

Ne forçons pas notre enfant à adopter des comportements sociaux ; soutenons-le pour qu’il les développe de manière naturelle et authentique. Ce n’est que lorsqu’il se sentira prêt qu’il pourra faire preuve de véritable politesse.

Comment pouvons-nous alors cultiver une politesse authentique qui respecte notre enfant et nos valeurs ?

(Suite dans la partie 2 de l’article).

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